Histoire du département

Les contours du département de l’Ain se sont formés peu à peu pour donner naissance, dès la fin du Moyen-Age, à une entité politique et humaine que la création des départements en 1790 n'a fait que confirmer.

La préhistoire

Galet gravé de La Colombière (jpg - 136 Ko)

Les premiers habitants de l'Ain viennent s'installer en Bresse et en Dombes en -15 000 av. JC, le glacier du Rhône ayant reculé et rendu la région habitable.

Vers -13 000 av. JC, cette civilisation est constituée de chasseurs de rennes et de pêcheurs qui utilisent un outillage de pierre et d'os. Ce sont également des artistes, comme en témoignent les galets gravés de figures d'animaux de la Colombière.

Les peuples préhistoriques de l'Ain ont franchi les Ages du Bronze et du Fer en laissant derrière eux des sites remarquables tels que le menhir de Simandre-sur-Suran.


La Gaule et Rome

Temple gallo-romain à Izernore (jpg - 498 Ko)

Au temps des Gaules, les Séquanes, les Ambarres, les Eduens, les Ségusiaves et les Allobroges se partagent la région. En -58 av. JC, les Helvètes qui occupent le Pays de Gex doivent immigrer vers l'Ouest sous la pression des Germains, ce qui provoque de nombreuses guerres entre peuples. Jules César doit intervenir pour ramener la paix et c'est le début de la conquête des Gaules.

L'Ain est partagé entre la Grande Séquanaise et la Lyonnaise. La région se couvre de "villae" (domaines) et de "vici" (bourgades). Le réseau routier se densifie entre Lyon, capitale des Gaules, et le reste du monde romain.

De cette époque, il reste de nombreux vestiges tels le temple d'Izernore, l'aqueduc de Vieu ou les sarcophages de Brou.


Les débuts de la christianisation et de la monarchie

Poype de Sandrans (jpg - 57 Ko)

Vers l'An 450, les invasions barbares mettent fin à l'Empire romain. Les pays de l'Ain se retrouvent au cœur du royaume burgonde puis, ils sont absorbés par le grand royaume franc. La christianisation progresse et le diocèse de Belley est créé au début du VIe siècle. De grandes abbayes bénédictines telles celles de Nantua, Saint-Rambert, Ambronay ou Saint-Benoît s'établissent dans les vallées.

A l'époque carolingienne, l'Ain est divisé en "pagi" (pays) gouvernés par des comtes. Ces territoires seront à l'origine des premiers grands fiefs comme ceux de Bâgé ou de Coligny qui apparaissent vers 895-900. Ils sont appelés "Sireries" (seigneuries). Les châteaux féodaux et les mottes ou "poypes" sont nombreux.

En 843, le Traité de Verdun attribue l'Ain au royaume de Lothaire, l'un des trois fils de Louis le Pieux. La frontière nord du futur département est désormais fixée : elle correspond à une limite ethnologique entre la France du Nord et celle du Sud. D'un côté s'étendent les pays de droit coutumier, de langue d'oïl, aux toitures en tuiles plates, de l'autre, se trouvent ceux de droit écrit, parlant le franco-provençal, aux toitures en tuiles creuses.


Les États de Savoie

Monnaie d'Amédée V Le Grand (jpg - 116 Ko)

Au XIe siècle, les comtes de Savoie s'établissent en Valromey et dans la région de Belley. En 1272, ils reçoivent la Bresse en dot puis le Revermont cédé par le duc de Bourgogne. Leur expansionnisme se heurte à la politique du Dauphiné qui convoite les mêmes régions. Une guerre d'un demi-siècle oppose les deux camps. De nouveaux châteaux forts hérissent la contrée : Allymes, Saint-Denis, Château-Gaillard…

Les Traités de Paris (1354-1355) mettent fin à la guerre, laissant à la Savoie tous les territoires dauphinois de la rive droite du Rhône, ainsi que le Pays de Gex.

Au début du XVe siècle, l'unité des pays de l'Ain est presque achevée. Amédée VIII, qui deviendra pape sous le nom de Félix V en 1439, acquiert une grande partie de la seigneurie des Thoire-et-Villars, dans le Haut-Bugey et la Dombes. Le territoire des Etats de Savoie est divisé en bailliages, eux-mêmes divisés en châtellenies.

On frappe monnaie à Bourg, Pont-d'Ain, Montluel et Pierre-Châtel.

De nouveaux couvents sont fondés dans les villes tandis que l'art gothique transforme et voit se construire de très nombreuses églises.

Le château de Pont-d'Ain est l'une des résidences favorites des princes : Louise de Savoie, mère de François Ier, y naît en 1476.


La première occupation française

Testament de Marguerite d'Autriche (jpg - 384 Ko)

Au début du XVIe siècle, la maison de Savoie est au faîte de sa puissance. Marguerite d'Autriche reçoit les Pays de l'Ain en héritage et entreprend la construction de l'église de Brou, Bourg-en-Bresse devenant un évêché.

Après sa mort, François Ier, neveu des ducs savoyards, revendique la Savoie qui sera conquise en 1536. Le futur département est donc tout entier français.

En 1559, un traité restitue la Savoie et les Pays de l'Ain à son duc, qui entreprend aussitôt de fortifier ses Etats.

En 1560, la Dombes est rendue aux Bourbons. Elle demeurera une principauté indépendante jusqu'en 1762.


Le rattachement à la France

Château des Allymes (jpg - 355 Ko)

Henri IV reconquiert le pays et détruit un grand nombre de châteaux. Bourg tombe sans grande résistance, mais sa citadelle, l'une des plus puissantes d'Europe, demeure imprenable.

Le 17 janvier 1601, le traité de Lyon met fin au conflit. Les Pays de l'Ain sont rattachés à la Bourgogne. Seul le "Chemin des Espagnols" (vallée de la Valserine) reste au duché de Savoie.


L'Ain sous la monarchie française

Sceau de la Province de Bresse (jpg - 210 Ko)

Le XVIIe siècle voit fleurir sculpture, peinture et littérature.

Au XVIIIe siècle, les routes et la petite industrie se développent grâce à l'action conjuguée de l'intendance de Bourgogne et des Etats de Bresse et du Bugey. De nouveaux ordres religieux, liés à la Réforme catholique, s'implantent dans les villes. L'art baroque connaît une grande diffusion mais il n'en reste que peu de traces aujourd'hui.

La Dombes restée indépendante après sa restitution aux Bourbons en 1560 connaît son apogée, des privilèges exceptionnels sont accordés aux habitants : avantages fiscaux, imprimerie, orfèvrerie, tirage de l'or…

Le duc du Maine déplace le parlement de Dombes de Lyon à Trévoux
. Cette cité traverse alors une période faste.

Le 28 mars 1762, le comte d'Eu, fils du duc du Maine, cède la Dombes à Louis XV.


La Révolution

Carte de 1795 (jpg - 805 Ko)

Après la Révolution, les départements de l'Ain et du Léman sont créés en 1790 suivant des frontières définies depuis le Moyen-Age. L'Ain est divisé en 9 districts, 49 cantons et 501 communes-paroisses.

La Révolution fait peu de victimes, mais de nombreux monuments d'une richesse exceptionnelle sont détruits.

Peu après l'instauration du Consulat (1802), une loi supprime les districts et crée 4 arrondissements. Celui de Gex est rattaché au département du Léman qui est envahit en 1814 par les Autrichiens.

Le Traité de Vienne en 1815 supprime le département du Léman et restitue l'arrondissement de Gex à l'Ain.


Le XIXe siècle

Bouligneux (jpg - 487 Ko)

La Révolution et l'Empire ont détruit de nombreux lieux de culte religieux. L'Ain constitue le nouveau diocèse de Belley en 1823. A cette époque, des milliers de pèlerins viennent se confesser auprès du curé d'Ars, Jean-Marie Vianney.

Sous le Second Empire, de nombreuses églises sont reconstruites dans le style néogothique et néo-roman. Avec la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905, cette production architecturale prend fin.

Le XIXe siècle voit l'agriculture se transformer profondément : des techniques modernes se développent (apparition des engrais, de la charrue, des comices agricoles), la viticulture se répand, de nombreux étangs sont asséchés et les fromageries se multiplient… Le chemin de fer s'implante avec les lignes Paris - Rome, Lyon - Genève et Lyon - Strasbourg. La riche bourgeoisie lyonnaise fait construire de nombreux châteaux que l'on peut encore admirer à Jujurieux ou dans les Dombes.


La Première Guerre Mondiale

Monument aux morts (jpg - 217 Ko)

L'éloignement du front épargne à l'Ain les destructions de la guerre de 1914 - 1918. Cela n'empêche pas plusieurs régiments de la région de participer aux opérations, tandis que les hôpitaux et les établissements d'enseignement recueillent d'innombrables blessés.

La plupart des vignobles disparaissent par manque d'entretien. Le département s'industrialise : Oyonnax devient la capitale du peigne mais, fortement touchée par la crise de 1929, elle doit fermer 20% de ses entreprises.

Dès 1921, le gaz naturel est exploité à Vaux-en-Bugey.

La construction du barrage de Génissiat débute en 1936.


De la Seconde Guerre Mondiale à nos jours

Défilé des maquisards (jpg - 76 Ko)

La guerre touche l'Ain de plein fouet. Le 16 juin 1940, Bourg est bombardé. Les armées se livrent des combats violents aux abords des ponts du Rhône. Le Maréchal Pétain défile triomphalement dans le département mais l'invasion de la zone libre voit la Résistance s'organiser autour de Jean Moulin et du général Delestraint. À l’approche de la Libération qui a lieu le 1er septembre 1944 à Meximieux, la répression allemande se fait de plus en plus cruelle.

L'Ain paye un lourd tribut à la guerre : 600 personnes sont déportées dont la moitié ne reviendra pas.

Le monument des Maquis à Cerdon, le monument-mémorial des enfants d'Izieu et le musée de la Résistance et de la Déportation à Nantua perpétuent le souvenir de cette époque tragique.